Attaques chimiques en Syrie : folie de Bachar El-Assad ou mise en scène sous faux drapeau ?

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Le sénateur Richard H. Black fait parti des rares officiels américain à ne pas croire au storytelling US abondamment relayé en France concernant les attaques à l’arme chimique et leur attribution systématique au régime syrien, y compris lorsque celui-ci n’a aucun intérêt en en faire usage que ce soit du point de vue militaire que du point de vue stratégique, notamment vis-à-vis de la « communauté internationale ». Pire, il attribue aux occidentaux la préparation d’une attaque chimique sous faux-drapeau qui servirait de prétexte à ses auteurs pour bombarder l’armée syrienne.

Richard H. Black n’est pas le seul à réfuter le recours aux armes chimiques par l’armée syrienne. Theodore Postol, professeur au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) a analysé avec attention les rapports US des attaques chimiques intervenues en août 2013 dans la Ghouta et en avril 2017 à Khan Cheikhoun et les a contesté en produisant des contres rapports particulièrement détaillés et précis.

Le Point fait parti des très rares médias français à avoir rendu compte sérieusement du contre rapport de 2013. Vous trouverez l’article ICI. Vous trouverez des éléments précis et détaillés sur le contre rapport de 2017 ICI et une interview du professeur ICI.

Depuis 6 mois, les Russes alertent sur la préparation d’une mise en scène d’attaque chimique par les groupes  terroristes réfugiés à Idleb. Serguei Lavrov, ministre des affaires étrangères russe fait part de ses inquiétudes ICI en mars dernier et le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense a fait savoir au mois d’août dernier que des « experts étrangers anglophones » étaient arrivés en Syrie pour mettre en scène une attaque chimique au chlore dans la région d’Idleb (voir ICI).

Le 28 mars dernier, Federico Pierraicini, Rédacteur indépendant spécialisé dans les affaires internationales, les conflits, la politique et les stratégies,  a alerté sur la préparation d’une nouvelle attaque sous faux drapeau en préparation en Syrie. Vous trouverez son article original (en anglais) ICI et sa traduction ICI.

Alors, bien sûr, on peut argumenter que les Russes annoncent cette mise en scène précisément pour couvrir l’utilisation d’armes chimiques par Damas. Cependant, malgré des tentatives alambiquées pour expliquer qu’il s’agirait là d’un message de terreur adressé à Bachar El-Assad à ses opposants ou encore  la preuve qu’il se sent tout puissant et invulnérable, il apparaît évident que le président syrien n’a aucun intérêt à recourir à  ce type d’armes : avec son allié russe et le soutien du peuple syrien il a écrasé les groupes terroristes, libéré une à une les provinces qu’ils contrôlaient et s’apprête à reconquérir la totalité du territoire syrien. Il est, de loin, celui qui a le moins intérêt à une telle attaque.

Pour leur part, les États-Unis et leurs alliés européens passent leur temps à menacer la Syrie de nouveaux bombardements en cas d’attaque chimique a priori attribuée au régime syrien. C’est le cas des US par la voix de Nikki Haley son ambassadrice à l’ONU, mais également de la France avec la menace de bombardements d’Emmanuel Macron en personne. Force est de constater que les puissances occidentales refusent ostensiblement d’écouter les alertes des Russes et des Syriens et n’adressent leurs mises en garde qu’à une seule des deux parties belligérantes, malgré les doutes sérieux qui planent quand à l’origine des attaques chimiques précédentes. Se faisant, ils donnent l’impression d’attendre avec impatience qu’une attaque chimique ait lieu pour bombarder les positions de l’armée syrienne. Rappelons-nous que les États-Unis ont largement contribué à la création des combattants islamiques et de l’État islamique (voir ICI, ICI et ICI).

De leur côté, les Israéliens ne se contentent pas de menacer, voire de procéder de temps en temps à un bombardement sur la base de justifications insuffisantes et contradictoires (voir ICI). Ainsi, le 4 septembre dernier, Tsahal a reconnu avoir procédé à plus de 200 frappes sur le territoire syrien au cours de ces deux dernières années (voir ICI). Quand on sait qu’Israël a soigné des combattants du Front al-Nosra (branche locale d’al-Quaïda) dans ses hôpitaux (voir ICI), on peut légitimement se demander si ces frappes n’ont visé que des positions iraniennes…

http://french.almanar.com.lb/1032528