La lutte contre la haine, prétexte à la normalisation d’internet

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« Il faut reciviliser internet et notamment les réseaux sociaux. Il faut qu’on ait à nouveau un dialogue et une parole normalisée ».

À elle seule, cette phrase qui résume le projet du secrétaire d’État chargé du numérique fait frémir. En effet, on sait tout le mal que la volonté civilisatrice a causé dans le monde. Ce sont les peuples colonisés qui en parlent le mieux. Quant à la volonté de normalisation, elle dit bien les choses : rentrer et rester dans la norme. Mais qui la fixe ? Le gouvernement ? Le CRIF dont le vice Président Gil Taïeb est co-auteur d’un rapport sur lequel le gouvernement entend s’appuyer pour prendre des mesures répressives contre les sites qui auraient une parole « hors norme » ?

Comme toujours, l’usage du novlangue est de rigueur. Pour mémoire, l’idée fondamentale du novlangue est de supprimer toutes les nuances d’une langue afin de ne conserver que des dichotomies qui renforcent l’influence de l’État, car le discours manichéen permet d’éliminer toute réflexion sur la complexité d’un problème : si tu n’es pas pour, tu es contre, il n’y a pas de milieu. Ce type de raisonnement binaire permet de favoriser les raisonnements à l’affect, et ainsi d’éliminer tout débat, toute discussion, et donc toute potentielle critique de l’État.

Ici, le concept est simple et quasi unique : lutte contre la « haine », mot valise qui désigne tout propos, toute idée qui ne respecte pas la norme. Soit on fait preuve d’amour, soit de haine. Pas de nuance, pas de complexité, pas de pensée.

L’homme qui s’exprime et qui entend conduire ce projet est le même qui a affirmé sur Tweeter le 11 août dernier à propos de la pseudo ONG DisinfoLab concernant son rôle dans l’affaire Benalla :

  1. « Le gouvernement n’a aucun lien avec cette ONG »
  2. « La démocratie a besoin d’analyses scientifiques et journalistiques sur les dynamiques/manipulations des réseaux sociaux »

Manque de chance, comme l’a révélé Olivier Berruyer sur son site Les Crises, il y a bien des liens entre la pseudo ONG et plusieurs membres d’En Marche, dont deux proches d’Emmanuel Macron (voir ICI), ce qui discrédite de facto la pseudo ONG et ses soi-disant « analyses scientifiques et journalistiques ».

Bref, un secrétaire d’État qui forge ses convictions sur la base d’infos bidonnées.

Terminons ce billet avec la clairvoyance de George Orwell dans 1984 :

« (…) dans le passé, aucun gouvernement n’avait le pouvoir de maintenir ses citoyens sous une surveillance constante. L’invention de l’imprimerie, cependant, permit de diriger plus facilement l’opinion publique. Le film et la radio y aidèrent encore plus. Avec le développement de la télévision et le perfectionnement technique qui rendit possible, sur le même instrument, la réception et la transmission simultanées, ce fut la fin de la vie privée. Tout citoyen, ou au moins tout citoyen assez important pour valoir la peine d’être surveillé, put être tenu vingt-quatre heures par jour sous les yeux de la police, dans le bruit de la propagande officielle, tandis que tous les autres moyens de communication étaient coupés. La possibilité d’imposer, non seulement une complète obéissance à la volonté de l’État, mais une complète uniformité d’opinion sur tous les sujets, existait pour la première fois. »

Il n’est effectivement pas question qu’internet déroge à la règle de la surveillance constante. Mounir  est là pour y veiller.

https://francais.rt.com/france/54068-mounir-majhoubi-se-donne-pour-mission-civiliser-internet-instaurer-parole-normalisee