Il est tout d’abord singulier que Macron utilise la menace pour convaincre les pays sceptiques de rester au sein de l’Union. Si celle-ci était si bénéfique pour les peuples, ce ton comminatoire serait inutile. le ton comminatoire du Président français est à l’image de la fracture de l’Union européenne.
Cette fracture s’origine dans le problème de l’accueil des migrants : « Ceux qui expliquent : moi […] j’aime l’Europe quand elle me donne de l’argent, quand elle permet la prospérité à mon peuple, quand elle permet à mes travailleurs d’aller mieux gagner leur vie dans des pays voisins. Mais, chez moi, pas un seul migrant, pas un seul réfugié ».
Mais depuis quand le projet de l’Union européenne a-t-il prévu en contrepartie l’obligation de recevoir des réfugiés venus de pays non européen ? À ma connaissance, aucun pays ne remet en cause le droit d’asile.
Le problème posé par l’accueil des migrants et la très grande réticence que manifestent de plus en plus les peuples de l’Union tiennent, me semble-t-il, aux faits suivants :
- Il est quasiment impossible des distinguer les demandeurs d’asile qui fuient des terrains de guerre des migrants dits « économiques ». Cependant, quand on voit sur les images des médias des cohortes d’hommes jeunes sans femmes et sans enfants, on se demande s’ils fuient réellement un terrain de guerre.
- Aucun homme politique ni aucun partisan de l’accueil des migrants au nom des droits de l’homme ne répond à une question simple soulevée par Jean Bricmont (voir ICI) : COMBIEN de migrants l’Union européenne (ou chacun des pays qui la compose) va-t-elle/se propose-t-elle d’accueillir de migrants ?
- Si la réponse est : « il n’y a pas de limite, nous en accueillerons tant qu’il y en aura », alors les peuples européens refuseront catégoriquement, car, indépendamment des questions culturelles et/ou religieuses que cela pourrait soulever, il n’y a tout simplement pas suffisamment d’emploi et de logement pour assurer correctement cet accueil que ce soit pour les migrants eux-mêmes ou pour les populations autochtones.
- Si la réponse est : « nous en accueillons xxx milliers ou centaines de milliers », la question qui se pose alors est : comment ferons-nous une fois que ce chiffre sera atteint ? Il faudra fermer hermétiquement les frontières et donc pratiquer la politique que les partisans de l’accueil des migrants dénoncent et qualifient d’inhumaine.
De façon convenue, Macron va sur le terrain du « progressisme » et de la « démocratie » : « la bataille que tous les progressistes en Europe, que tous les démocrates doivent conduire ». Le Président français use des éléments de langage classiques visant à discréditer ceux qui remettent en cause la politique de l’Union relative à l’accueil des migrants : ils seraient contre le progrès et non démocratiques. Mais :
- Au non de quoi la politique migratoire de l’Union est-elle le signe du « progrès » ? Quels sont les critères qui valident une telle affirmation ? Qui édicte ces critères ou procède à cette validation ?
- Que je sache, les pays qui refusent la politique migratoire de l’Union sont tous dirigés par des Présidents élus démocratiquement.
La réalité est tout autre : les peuples des pays de l’Union sont de plus en plus réfractaires à l’accueil des migrants. Dans certains pays de l’Union, ils ont porté au pouvoir des partis ou des coalitions qui partagent leur opinion et entendent conduire une politique plus restrictive (les « progressistes » les qualifient de « populistes », voire de « fascistes »). Dans d’autres pays ce n’est pas encore le cas, mais les partis « populistes », voire « fascistes » sont partout en nette progression.
Il va bien falloir admettre que la démocratie consiste à satisfaire les aspirations des peuples et remettre profondément en question nos politiques étrangères :
- Fin du néocolonialisme qui conduit à placer à la tête des pays en voie de développement des gouvernements corrompus pour mieux piller leurs richesses au prix d’une misère qui favorise les migrations économiques et sociales.
- Fin de l’ingérence militaire et de la déstabilisation des gouvernements qui ne nous conviennent pas pour des raisons géopolitiques et/ou énergétiques qui favorisent l’afflux de réfugiés.
https://francais.rt.com/france/54085-emmanuel-macron-menace-pays-veulent-pas-davantage-europe