1983 marque ce qu’il est convenu d’appeler « le tournant de la rigueur » pris par la gauche au pouvoir depuis deux ans. Très concrètement, ce tournant marque le ralliement du Parti socialiste à l’économie de marché et au libéralisme économique, créant le « socialisme d’accompagnement », à savoir une politique qui saupoudre ici ou là quelques mesurettes sociales pour mieux accompagner les politiques économiques libérales. Délaissant donc la question sociale, le Parti socialiste va lui substituer les questions sociétales. La grande différence tient au fait que la première concerne le plus grand nombre alors que les secondes ne concernent par nature que des minorités. La contradiction est totale.
Ainsi, depuis 35 ans les gouvernements successifs, qu’il ait été de droite ou de « gauche » ont mis en œuvre des politiques économiques et sociales d’orientation libérales, même si les libéraux pu jus vous diront que la France est encore un pays beaucoup trop « social ».
Le résultat est là : 8,8 millions de personnes – soit 14% de la population – sont aujourd’hui en « situation de pauvreté monétaire » et vivent avec un revenu inférieur à 60% du revenu médian en France, soit quelque 1 000 euros net par mois.
Ajoutons quelques données pour compléter le tableau :
- 2 millions de personnes touchent le RSA
- Près de 5 millions de personnes « bénéficient » de l’aide alimentaire
- 6,5 millions de personnes – soit 10% de la population – sont inscrites à Pôle emploi
- 25% des jeunes sont au chômage
- Selon le rapport 2017 du Secours catholique, le revenu moyen des 1,5 million de personnes qu’il a accueillies en 2016 était de 548 € et n’a augmenté que de 3 € au cours des 6 années précédentes (2010-2016) alors que le coût de la vie a connu pendant la même période une augmentation constante bien plus importante, notamment en ce qui concerne le logement et l’énergie.
- Le nombre de séniors pauvres est passé de 5% en 2000 à 16% en 2016.
Notons enfin que 5,3 milliards d’euros n’ont pas été versés à des ayants droit au RSA qui ne connaissent pas ne parviennent pas à faire valoir leurs droits.
Dans le même temps :
- L’évasion fiscale coûte chaque année à la France entre 60 et 80 milliards (voir ICI).
- La France est un des pays du monde dont les entreprises versent le plus de dividendes à leurs actionnaires (voir ICI).
Mais à quoi bon se plaindre puisqu’« il n’y a pas d’alternative » selon le bon mot de Margaret Tatcher ?